7 novembre 2014

États-Unis : les électeurs meilleurs que les économistes

Quel chef d’État ne rêverait pas de se présenter à des élections avec une croissance de 3,5% et un taux de chômage de 5,9% ? Ce serait pour lui l’assurance de voir son camp triompher sur ses adversaires… Et pourtant, Barack Obama et les Démocrates viennent de perdre les élections de mi-mandat (midterms) ; ils étaient minoritaires à la Chambre des représentants et s’enfoncent encore plus, et ils perdent la majorité au Sénat au profit des Républicains.
Il n’y a aucune injustice dans ce résultat, au contraire ; il met en évidence le fait que la manipulation des statistiques a des limites, tout simplement. Ce ne sont pas les "économistes", les éditorialistes, les dirigeants politiques qui se sont exprimés, mais le peuple américain, et il sait que le chômage est grossièrement sous-estimé, notamment parce que des millions de chômeurs découragés sont sortis des statistiques. Il se rend également compte que la planche à billets de la Fed a provoqué un "effet richesse" (le QE fait monter la bourse et enrichit ceux qui possèdent des actions) qui génère un peu de croissance, certes, mais tout cela est bullaire et fragile. La situation générale des Américains ne s’est pas améliorée depuis la crise de 2008, il n'y a pas de véritable reprise économique, et ils viennent de le faire comprendre au pouvoir en place.

Ce fameux Quantitative easing (QE), qui a servi à masquer la misère, aura fait exploser le bilan de la banque centrale américaine de 800 milliards de dollars avant la crise à 4.500 milliards de dollars aujourd’hui. Toute cette dette n’a, au final, généré qu’un rebond limité du PIB. Le rendement est déplorable, mais il est vrai que cet argent a surtout servi à gonfler les indices boursiers. La présidente de la banque centrale, Janet Yellen, a annoncé la fin du QE, mais la réalité est plus complexe : la Fed a indiqué qu’elle continuera à réinvestir le produit des titres arrivant à maturité et à les garder à son bilan ; autrement dit, son bilan ne se contractera pas et elle continuera à faire un "mini QE" avec le produit de ses titres arrivant à échéance. Et surtout le taux directeur, fixé à 0%, le restera encore longtemps, permettant ainsi au système bancaire de se financer à des taux réels négatifs, ce qui constitue une incroyable rente.
Bref, ces élections midterm, c’est un peu le retour du réel, et il n’est pas joli à voir. Il faut le prendre comme un avertissement supplémentaire de l’inutilité et de la nocivité des plans de Quantitative easing, tels qu’ils sont pratiqués à travers le monde.

Philippe Herlin
Source : GoldBroker.fr

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