Aujourd'hui et plus précisément ce soir, je vous propose mon deuxième billet invité avec le jeune Québécois Pierre-Olivier Langevin du blog Journal Financier d'un "Y". Il est également mon premier contributeur de mon blog.
Par ailleurs, vous pouvez le suivre sur sa page Facebook spécial et sur son compte Twitter @polangevin.
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Bonjour, Pierre-Olivier
1. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Mon nom est Pierre-Olivier
Langevin, je suis un jeune investisseur québécois. J’ai commencé à m’intéresser
à la bourse en début d’année 2007 en lisant quelques livres sur le sujet.
Rapidement, j’ai constaté que j’étais un passionné et que je pratiquerais l’art
de l’investissement toute ma vie. À ce moment, je travaillais en tant que
Designer Industriel à temps plein. Au fil des ans, j’ai cru bon créer un blogue
pour partager les connaissances que j’accumulais dans le domaine et parce que
c’est toujours bien d’échanger des idées entre investisseur. Après quelques
années en tant que Bloggueur, mes billets ont été repérés par des
professionnels de l’investissement, si bien qu’aujourd’hui, je travaille en
tant qu’Analyste Financier pour MEDICI, une firme Québécoise de Gestion de
Portefeuille privée.
2. D’où vient votre passion pour l’investissement financier plus
particulièrement pour la Bourse ?
J’ai toujours été une personne
très analytique. J’adore lire les nouvelles, je m’intéresse énormément à la
politique et à l’économie. J’aime en décortiquer les différentes stratégies.
L’analyse financière n’est qu’un moyen de plus d’assouvir ma quête de
curiosité. Ajoutons également qu’investir représente pour moi un défi
intellectuel intéressant car il fait travailler les deux côtés du cerveau. Je
pourrais toujours dire que la passion de la bourse vient d’une passion de
l’argent mais ce serait faux. L’argent n’est pour moi qu’un pointage que je
peux suivre au fil des ans afin de mesurer, à long terme, l’efficacité de mes recherches.
3. Quelles sont les raisons ou les envies de votre reconversion dans le
secteur de la finance ?
En plus d’avoir la piqure de la
bourse, je dirais que l’une des raisons repose sur le fait que l’investissement
me procure la satisfaction d’avoir un meilleur contrôle de mes finances et de
mon avenir en général. Au niveau personnel, l’idée de devenir, un jour,
complètement indépendant financièrement me fait rêver. L’idée de travailler
dans le domaine était encore plus merveilleuse. Jamais je n’aurais pu croire
qu’un jour on me paierait pour faire quelque chose que je pourrais très bien
faire sans aucun salaire en retour. Enfin, l’idée d’accroître le patrimoine de
nos clients m’apparaît tout à fait stimulante. Individuellement, si vous avez
réalisé une bonne analyse, vous pourrez investir une partie de vos économies
dans celle-ci. Lorsque vous gérez des millions, cette analyse peut rapidement
prendre des proportions énormes pour à peu près la même quantité de travail.
4. Vous avez commencé à investir en Bourse au milieu de l’année 2007 et je
suppose que vous avez pris des claques lors de l’éclatement de la bulle des
subprimes. Avez-vous pris peur de voir fondre une partie de votre capital
investi ?
Je n’ai jamais vécu la peur en
investissement depuis mes débuts. Cela peut sembler bizarre car j’ai commencé à
investir avant la crise financière. À delà des conséquences humaines qui
découlent d’une crise majeure comme celle que l’on vient de connaître, il faut
retenir que lorsque notre horizon d’investissement est très long, une récession
ne crée qu’une meilleure opportunité d’acheter de belles sociétés à bon prix.
J’ai évidemment eu ma part de pertes importantes. J’ai dû perdre au moins 5000$
à mes débuts ce qui représentait à l’époque une petite fortune. Mais l’idée de
savoir que je serais le seul et unique responsable de ma destinée et que mes
succès allaient être proportionnels à mes efforts me donnait le goût de
continuer à investir même dans la tourmente. Je me souviens d’avoir acheté
quelques actions de la Banque américaine Wells Fargo à environ 9$ au pire de la
crise. Cela peut sembler bizarre mais je m’estime aujourd’hui très chanceux
d’avoir connu si rapidement une crise financière. Faire mes débuts dans un Bull
Market ne m’aurait pas forcé à travailler davantage pour devenir un meilleur
investisseur. Au contraire, j’aurais cru que j’étais un bon investisseur alors
que j’avais encore beaucoup à apprendre. Encore aujourd’hui, la bourse n’a pas
fini de m’apprendre.
5. Comment vous êtes-vous former en Bourse ? Quel est votre profil
d’investisseur et votre stratégie d’investissement ?
Mes premiers pas à la bourse, je
les ai fais avec mon père qui m’a conseillé quelques bons livres pour m’initier
à l’analyse fondamentale. J’ai été très chanceux d’avoir quelqu’un à mes côtés
qui a pu me démontrer rapidement à quel point l’analyse technique et l’achat de
fonds communs de placements étaient des stratégies destinées à l’échec.
Ensuite, j’ai tout simplement
dévalisé le rayon financier de la grande bibliothèque au centre-ville de
Montréal. En lisant chaque ouvrage un à la suite de l’autre, j’ai pu en
apprendre un peu plus sur la philosophie d’investissement des plus grands
investisseurs tels que Benjamin Graham, Warren Buffett et Philip Fisher. Ça m’a
donné une bonne base pour commencer même si je n’avais pas encore la maturité
et les connaissances requises pour connaître du succès en bourse.
Ma stratégie d’investissement, et
celle de la firme pour laquelle je travaille est relativement simple. Elle
repose sur ce que nous avons nommé les 4 piliers fondamentaux. Dans le premier
cas, nous recherchons des entreprises qui ont une performance économique
supérieure (rendement sur le capital élevé et prévisible année après année).
Ensuite, nous voulons que l’entreprise ait un modèle d’affaire empreint
d’avantages concurrentiels car cela nous donne l’assurance morale que la
performance économique demeurera supérieure. Troisièmement, nous cherchons des
sociétés dont les dirigeants sont dignes de confiance, nous validons entre
autre la façon dont la direction gère le capital pour se faire une bonne idée
de leur qualité de gestionnaire. Enfin, nous cherchons à acheter ces titres à
des prix raisonnables en fonction de nos calculs de la valeur intrinsèque. Nous
répétons ce processus indéfiniment et si nous trouvons trop de société qui
collent à cette réalité, nous faisons en sorte de ne conserver que la crème de
la crème dans les portefeuilles de nos clients.
6. Pensez-vous qu’investir en Bourse est un job à plein temps selon
des idées reçues ? Quels conseils donneriez-vous aux épargnants novices
souhaitant investir en Bourse ?
Si vous voulez avoir du succès,
soyez prêt à mettre plusieurs heures par semaines dans l’analyse des sociétés.
Vous n’arriverez pas à générer des rendements excessivement plus élevés que le
marché si vous n’êtes pas près à y mettre les heures qu’il faut. Cela peut
sembler malheureux à dire mais la plupart des investisseurs autonomes n’ont pas
suffisamment la passion des investissements pour avoir du succès. Aimer
l’argent n’est pas suffisant. Si vous êtes pour mettre quelques heures à chaque
jour à améliorer vos capacités d’investisseurs, vous vous devez d’être un
passionné.
Autrement, une stratégie passive
telle que l’achat de Fonds Négociés en Bourse qui reproduit les indices me
semble plus appropriée. Donc oui, je dirais qu’investir est un travail à temps
plein. J’ai vu les deux côtés de la médaille. J’ai passé trop de soirée à analyser
des titres pour compenser pour le temps perdu le jour à travailler comme
designer industriel. Combien de fois ai-je du arrêter mes analyses en plein
milieu de course faute de temps ? Combien de fois j’ai acheté un titre
alors que j’avais encore certains doutes faute d’avoir plus de temps ? Si
demain matin je me retrouvais sans emploi, je ne retournerais pas sur le marché
du travail, mais je continuerais plutôt à investir par moi-même à temps plein
car je sais maintenant qu’il est extrêmement difficile d’avoir du succès si
vous n’avez pas la bourse en tête 24 heures sur 24.
7. Pouvez-vous présenter brièvement la société de gestion MEDICI?
Nous sommes une société de
gestion de portefeuille privée. Des clients de partout au Québec viennent nous
voir et nous confient leur portefeuille pour que nous l’investissions en
fonction de leurs besoins. La firme a commencé à opérer en 2008 et son
fondateur, Carl Simard, gravite dans le milieu des affaires depuis longtemps en
plus d’être Actuaire, MBA et CFA.
En l’espace de quelques années,
l’entreprise a su faire passer ses actifs sous gestion à 50M$ grâce à des
rendements qui ont su battre le marché la plupart des années. MEDICI se
distingue par son offre de service personnalisée. Les professionnels qui
travaillent dans la firme connaissent tous nos clients et offrent autant des
services de planification financière que de gestion de portefeuille. Nous avons
également des portefeuilles beaucoup plus concentrés que la plupart des autres
gestionnaires. Nous préférons de loin une gestion active et un suivi régulier
des fondamentaux de nos entreprises plutôt que d’investir de façon passive et
sur diversifiée.
8. La Bourse a-t-elle la cote au Canada contrairement en France ?
Sinon quels sont les autres placements préférés des canadiens ?
Le placement préféré des
canadiens, c’est celui de la consommation. On préfère placer notre argent dans
les biens qui déprécient plutôt que ceux qui prennent de la valeur parce que
«on ne sait pas ce que demain nous réserve». Ainsi, au Canada, nous avons un
taux d’endettement qui environne 150% de notre revenu disponible annuel. Ce
taux inclus les dépenses de consommation et l’hypothèque. C’est très élevé.
Sinon, je dirais que façon
générale, les gens autour de moi, qui ne sont pas des connaisseurs en
investissements aiment l’immobilier. Plusieurs ont l’impression que
l’immobilier «c’est sûr de rapporter» parce que ça fluctue moins et que ce sont
des actifs tangibles.
Pour ma part, je pense qu’à long
terme, les actions sont le meilleur véhicule d’enrichissement personnel.
Contrairement à l’immobilier, mes actions ne me demandent pas de tondre le
gazon, déboucher des toilettes, payer des comptes de taxes et réparer des
toitures. Les actions ordinaires sont le placement le mieux adapté à mon style de
vie et c’est également celui qui, à long terme, génère le rendement le plus
élevé.
9. Pour mon premier billet invité de mon blogue, un de mes followers de
Twitter @VinceDurivage, a mis en garde contre un retour à la baisse des prix de
l’immobilier canadien. Pensez-vous qu’ils sont nettement surévalués comme en
France ?
Je pense que les prix de
l’immobilier canadien sont effectivement à des niveaux élevés mais je crois que
l’apocalypse que plusieurs prédisent n’aura pas lieu. On remarque présentement
que le gouvernement fédéral agît de façon à calmer l’immobilier sans non plus
miner la reprise économique. Je pense que c’est la bonne solution à long terme.
Maintenant, il est clair que les rendements passés dans les 10 dernières années
dans l’immobilier canadien risquent de ne pas se reproduire pour les 10
prochaines années, mais y’aura-t-il éclatement de bulle ? J’en
doute ! Je pense qu’on assistera plutôt à un dégonflement graduel ou à un
rythme de croissance du secteur très faible.
10. Pouvez-vous me donner une définition d’un « placement
rentable » ?
Il est important de dire que je
n’achète pas des placements ou des titres. J’achète des entreprises exemplaires
dans le but de les détenir le plus longtemps possible. Lorsqu’on adhère à cette
vision, un placement rentable devient un véhicule qui augmente de valeur à un
rythme beaucoup plus rapide que la croissance du PIB.
11. Enfin, dans votre philosophie d’investissement, vous souhaitez devenir
millionnaire à 42 ans. Est-ce prétentieux ou réaliste de votre part ?
Comment allez-vous procéder en plus de la Bourse ?
Je sais très bien qu’écrire une
telle chose sur le blogue du Journal Financier d’un Y peut paraître
prétentieux. On ne dit pas deux fois à quelqu’un qu’on souhaite être
millionnaire à un aussi jeune âge.
Les membres de ma famille m’ont
appris une chose, c’est que lorsqu’on vise la lune et qu’on la rate, on atteint
quand même les étoiles. Mon objectif d’être millionnaire dans 15 ans est tout à
fait réalisable mais cela sera impossible sans un effort important. Comme je
déteste perdre, je fais absolument tout ce qui est en mon contrôle pour
atteindre mes objectifs. Ce qui est bien dans tout cela, c’est qu’en 2007,
lorsque j’ai commencé à investir, je m’étais fixé l’objectif d’être millionnaire
à 45 ans. Aujourd’hui, malgré la crise financière et parce que mes rendements
passés se sont avérés meilleurs que prévus, je pourrais atteindre cet objectif
à 42 ans. Les actions ordinaires sont la seule source de rendement prévue pour
atteindre l’objectif pour le moment.
Entrevue très intéressante.
RépondreSupprimerBon travail à Pierre-Olivier Langevin dans sa quête de l'indépendance financière.
Se fixer des objectifs est essentiel.
Entretien intéressant et belle reconversion.
RépondreSupprimerTout mes souhaits de réussite dans tes objectifs!
Pierre-Olivier, millionnaire à 42 ans c'est tout le mal qu'on te souhaite. Ton parcours professionnel et d'investisseur est passionnant.
RépondreSupprimerMerci pour les bons mots, c'est bien gentil! :-)
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