15 août 2012

Le modèle économique de l'Allemagne

L'Allemagne est souvent plébiscité par les autorités politiques françaises comme le modèle économique à suivre. Cependant, elles oublient que le maillon fort de la zone euro a fait des sacrifices et des réformes structurelles pendant une décennie  pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui. De ce fait, je ne suis pas sûr que la France soit prête à s'en inspirer.

Tout d'abord, pour absorber le fardeau de la réunification, les partis politiques allemandes se sont mis d'accord en imposant une rigueur budgétaire et salariale, depuis le début des années 2000. Le tout dans le but d'assainir les finances publiques et d'améliorer leur compétitivité économique en renouant avec les excédents commerciaux et en abaissant le taux de chômage.
Une politique de l'offre mise en place depuis une décennie, favorise les marges des entreprises avec une modération salariale (sans forcément imposer un salaire minimum) et une flexibilité du travail. Cela a entraîné pendant cinq années, un tassement de la croissance économique alors que l'Espagne et l'Irlande rigolait bien avec l'immobilier. Durant les cinq années suivantes, l'Allemagne a récolté les fruits de cette réforme : hausse de ses exportations se traduisant par des excédents commerciaux, gains de parts de marché, baisse du taux de chômage. En parallèle à cette réforme, l'Allemagne a appliqué à la lettre, le capitalisme rhénan (cf. Source Wikipedia) qui se caractérise par :
- Un rôle important des grandes banques et une relativisation du rôle de la Bourse dans le financement des entreprises.
- Une vision à long terme appuyée sur ce mode de financement et sur un système de partenariat avec les clients, fournisseurs et employés.
- Un partenariat entre de puissants syndicats patronaux et salariaux qui limite aussi bien les conflits de travail que les interventions directes de l'Etat dans la vie des entreprises.
- Un système de protection sociale très développé.
- Une politique de stabilité monétaire gérée indépendamment du gouvernement. Ce qui est la cas avec la Banque Centrale Européenne.

Malgré un niveau de change élevé de l'euro, l'économie allemande reste compétitive car leurs entreprises sont exposées à l'international en particulier vers les pays émergents et exportent des produits de haute qualité qui attirent le consommateur. De l'autre coté, certains PIIGS (sauf l'Italie) et la France s'estiment lésés du fait qu'un euro fort pénalise leur croissance économique. Bref, c'est une façon de ne pas remettre en cause leur modèle économique principalement axé sur la consommation et cela montre  également leurs incapacités à s'adapter à la nouvelle donne mondiale.
Le revers du modèle allemand est en premier lieu la consommation des ménages à cause de la modération salariale de la politique de l'offre mais aussi à la culture de la rigueur de leur part. L'autre talon d'Achille est sa démographie liée à son faible taux de natalité car les femmes privilégient leur carrière professionnelle. Par conséquent, cela entraîne mécaniquement un manque de jeunes sur le marché du travail et une stagnation de la population active. Enfin, si la tendance perdure à long terme, le financement des retraites et la croissance économique seraient lourdement menacés. Pour y remédier, l'Allemagne a recours à la main d'oeuvre étrangère. Sera t-il suffisant ?

Comparaison des statistiques économiques Allemagne-France-Italie :




Source Eurostat - Cliquez sur les images pour agrandir

2 commentaires:

  1. C´est tout å fait ça. Je ne m´inquiète pas trop de la faible progression démographie de l´Allemagne. Il y aura toujours des travailleurs prét å y aller. Alors qu´il est plus délicat pour les pays du sud de trouver du travail pour leurs jeunes.
    Et le gros problème comme tu le dit est la capacité de certain pays du sud
    å accepter les réforme. on å intérêt å capitaliser pour nos retraites

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    1. Bonsoir,

      Les autorités politiques françaises prétextent à long terme que la situation de l'Allemagne tant au niveau économique que social, ne sera pas meilleure que chez nous du fait que notre taux de natalité est le plus élevé de la zone euro. Grâce ce critère démographique, elles pensent que la France retrouvera son lustre d'antan.
      Cependant, il y a plusieurs couacs à ne pas négliger :
      - notre système de retraite par répartition qui est intenable car les jeunes d'aujourd'hui connaissent la précarité sociale et ne pourront pas soutenir le financement des retraités du baby-boom.
      - notre système de protection sociale hyper généreuse.
      - l'imposition d'un salaire minimum qui empêche la flexibilité du marché du travail.
      - notre désindustrialisation qui illustre notre perte de compétitivité. Pour être plus précis, ce n'est pas la hausse de l'euro qui en est la conséquence.

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