21 février 2012

Olivier Delamarche - BFM Business - 21/02/2012


Selon Olivier Delamarche, gérant de Platinium Gestion, la Grèce ne remboursera pas sa dette malgré l'accord du plan d'aide mi-figue et mi-raisin accordé par les ministres européens des finances car les solutions ne sont  pas efficaces sur le long terme. En effet, les autorités politiques proposent toujours d'effacer ou réduire les dettes par de nouvelles dettes. Quel cercle vicieux ! Personnellement, je ne fais pas d'illusions sur son sort inéluctable et cela nous montre également que les autorités politiques ne sont pas à la hauteur des évènements. Bref, passons notre chemin et regardons vers le futur.

18 février 2012

Chronique des pays émergents : Le Brésil

Première puissance économique d'Amérique Latine et sixième au niveau mondial devant la Grande-Bretagne, le Brésil continue son bonhomme de chemin malgré un ralentissement de sa croissance du PIB aux alentours des 3 % en 2011 lié à l'impact de la crise des dettes de la zone euro et du soft landing de la Chine. De plus, cette dernière est son premier partenaire commercial. En 2012, il pourrait même chiper la cinquième place à la France si les tendances macroéconomiques se confirment selon les organismes économiques mondiaux.

Pour arriver au niveau économique des pays développés, le Brésil a un sol riche en matières premières qui attise la convoitise en particulier celle de la Chine et les récentes découvertes d'hydrocarbures sont une manne non négligeable dont le gouvernement va disposer à en faire profiter à sa population. Ensuite, il ne faut pas résumer l'Etat aux cinq coupes du monde de football à un pur producteur de matières premières car les divers gouvernements depuis le milieu des années 90, ont axé leur modèle économique sur deux critères en stimulant la demande intérieure par l'expansion du crédit avec un système financier sain sans comparaison avec celui des USA et en favorisant les investissements. Le premier a permis d'émerger une nouvelle classe moyenne devenue majoritaire et le second doit répondre à son expansion économique. En plus, certains secteurs fleurissent tels que la construction, le commerce, les télécoms du fait que les revenus de la classe moyenne augmentent.
Avec une dette publique à 55 % du PIB en 2011 (Source Statistiques Mondiales), la situation financière de l'Etat brésilien est plus confortable que celle de ses homologues des pays développés et Dilma Roussef a fait de la réduction des finances publiques une de ses priorités de son mandat présidentiel.
Enfin, tout n'est pas rose car il y a encore quelques poudrières à éradiquer : la pauvreté, le protectionnisme économique du fait qu'il pratique des barrières douanières pour accepter les biens manufacturiers étrangers, le système social et de retraites peu développé. Pour ne rien arranger, l'inflation a augmenté de 190 points de base à 6.9% en 2011 (5% en 2010). En effet, le premier poste de dépenses dans les pays émergents est l'alimentation donc si l'inflation continue sa tendance haussière alors cela pourrait provoquer des manifestations sociales contre la vie chère.

En conclusion, le Brésil disposent des atouts qui envient certains pays développés : matières premières, endettement public raisonnable, consommation intérieure soutenue. D'un point de vue sociale, les autorités politiques doivent rapidement mettre en oeuvre des réformes structurelles car tout comme la Chine le vieillissement démographique augmente rapidement. Sinon, pour terminer sur une note positive, le fait qu'il organisera en 2014 et 2016 respectivement la Coupe du monde de football et les Jeux Olympiques d'été, est à la fois une opportunité de montrer aux quatre coins du monde sa force de frappe économique afin d'attirer des capitaux étrangers et un moyen de prendre plus de place sur la scène internationale.


NB : Certains propos dans ce billet peuvent être valables pour la Chine en particulier pour l'inflation.

Comme j'aime le sport, j'ai mis à mon goût les deux sportifs brésiliens les plus populaires à l'heure actuelle.
Cesar Cielo (Natation)

 
Neymar (Football)

14 février 2012

Olivier Delamarche - BFM Business - 14/02/2012


Malgré la Saint-Valentin, Olivier Delamarche, gérant de Platinium Gestion, garde toujours son franc parler.

10 février 2012

Chronique des pays émergents : La Chine

Les pays développés dits " les pays riches " sont les plus affectés par les crises des subprimes et des dettes publiques, et se sont appauvris du fait qu'ils se sont largement endettés à un niveau insoutenable afin de soutenir leur modèle économique et le coût de la protection sociale. Par ailleurs, les pays émergents ont renoués rapidement avec la croissance économique grâce à la puissance publique car à la différence des pays développés, ils ont su maintenir un ratio d'endettement sur PIB soutenable. Malgré le krach d'août 2011, il y a encore un potentiel de croissance inexploité car la plupart des pays émergents ont encore des ressources naturelles et se sont rendus compte qu'il faudrait redistribuer une partie de la richesse à sa population en stimulant la demande intérieure au lieu de trop se focaliser sur les exportations.

Bref, durant quelques mois, je ferai une chronique sur les pays émergents en dix parties plus une synthèse à la fin. Pourquoi cette thématique ? Premièrement, cela fait parti de mes choix d'investissements dans mon manifeste boursier en 2012. Deuxièmement, je pense que les pays émergents joueront certainement un rôle majeur dans les décisions économiques. Enfin, leurs perspectives de croissance sont plus reluisantes que celles des pays développés. Pour la première partie, je vais parler de la Chine, deuxième puissance économique mondiale.

La Chine, deuxième économie mondiale devant le Japon, prend de plus en plus de poids sur la scène internationale grâce à des atouts structurels (croissance de la population, réservoir de main d’œuvre, taux d’épargne élevé, finances publiques saines) et sa stratégie d’économie socialiste de marché, c'est-à-dire de lier à la fois libéralisme économique et contrôle politique autoritaire. Pour arriver à ce stade, la Chine a commencé à ouvrir progressivement ses frontières aux entreprises étrangères afin de faire travailler sa main d’œuvre bon marché, et ensuite décide de maintenir sa devise nationale à un niveau convenable face aux autres devises pour doper ses exportation et engranger des excédents commerciaux. Ce que les Etats-Unis n'apprécient guère. Son modèle économique a des inconvénients non négligeables :
 La politique de l’enfant unique qui pourrait causer le ralentissement de sa croissance économique et accélérer le vieillissement de la population. De plus, les mentalités ont changé car les jeunes couples ne veulent pas d’enfant et le nombre de célibataires masculins grandit du fait du nombre de femmes en diminution.
Sa dépendance exportatrice : gare à la rechute du commerce extérieur.
De plus, une bulle immobilière est en train de se former parce que d'une part le plan de relance en automne 2009 d'un montant de 4000 milliards de yuan (soit 462 milliards d'euros) pour répondre à la crise financière a amené les prix des logements au plus haut et d'autre part le taux d’inoccupation avoisine les 50 %. Ainsi, le risque d'éclatement augmente mais les autorités chinoises ont pris des mesures strictes en relevant les taux d'intérêt directeurs et en augmentant les réserves obligataires pour retarder le problème. Par ailleurs afin de ne pas être dépendante des exportations, ils devront stimuler la demande intérieure en se penchant sur la relance de la consommation.

Malgré une croissance économique soutenue en 2010 et 2011, la Bourse chinoise a sous-performée par rapport à Wall Street à cause du risque inflationniste liée à la hausse des matières premières, de la bulle immobilière mais aussi de l'Europe lié à la crise des dettes publiques. Pourquoi il faut garder un oeil sur le Vieux Continent ? Du fait qu'il est leur premier partenaire commercial.
De plus, la Bourse chinoise est traditionnellement volatile et a la particularité d’être sensible aux décisions politiques. Pour un investisseur particulier, il est impossible de mettre son argent en direct sur la place de Shanghai car un compte en yuans est nécessaire. Par contre, il a la possibilité d’investir soit par des fonds de gestion ou en passant par la Bourse de New York ou de Hong Kong à l'image de ma position sur le leader mondial du solaire Suntech Power (NYSE : STP).

Sportifs les plus populaires en Chine :

Liu Xiang (Athlétisme)

Li Na (Tennis)

5 février 2012

Les impopulaires CDS !

Depuis l'émergence de la crise des dettes européennes, les autorités politiques et les médias financiers ont fait connaissance avec les CDS (Credit Default Swap). Sans grande surprise, les ménages européens ignorent l'existence de cet instrument financier contre la tête des Etats car d'une part les autorités politiques les enfument en les rassurant que tout va être réglé et d'autre part elles fuient leurs responsabilités en pointant du doigt la finance et ses spéculateurs. Bref, cela fait plus de 3 ans que ça dure et je pense qu'il y aura de la casse dans les mois à venir. Un changement politique bien réfléchi serait la bienvenue.

A l'instar des notes données par les agences de notation, les CDS permettent d'évaluer la capacité de l'emprunteur à honorer ses dettes. Sur le principe, les CDS étaient censé être un contrat d'assurance souscrit par le créancier pour se prémunir du risque de défaut de paiement de l'émetteur avec une prime de compensation s'il y a lieu. En réalité, ils sont considérés comme des produits dérivés spéculatifs adossés à un sous-jacent (obligation d'Etat ou d'entreprise, devises). Ainsi, son fonctionnement est diffère d'un contrat d'assurance classique :
  • L'acheteur et le vendeur ne sont pas obligés de se soumettre aux conditions de risque de crédit car les CDS ne sont pas soumis à une régulation financière. En fait, ces produits dérivés se négocient de gré à gré donc moins transparent.
  • Par exemple, le fait de souscrire une assurance contre le défaut d'un Etat signifie que dans l'intérêt de l'acheteur, on touchera une prime. En cas de non défaut, le CDS n'est juste un thermomètre pour mesurer la niveau de solvabilité de l'émetteur.
  • En cas de perte, c'est le vendeur de CDS en général une banque qui assure à lui tout seul le remboursement. Mais pour ne pas mettre tout sur son dos, les acheteurs ont l'autorisation de les revendre à un tiers ou un autre opérateur puis encaisse la prime. Ainsi, nous sommes à la fois acheteurs et vendeurs de CDS. Explicitement, nous pouvons assurer nos racheteurs contre le risque.
Deux problèmes se posent sur les CDS et font beaucoup de bruit au sein au Parlement et à la Commission Européenne :
  • Si la Grèce fait défaut sur sa dette ou sort de la zone euro, les CDS seront déclenchés et certains hedges fund sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. En complément, les investisseurs se poseront la question d'un éclatement de la zone euro du fait qu'on ne connait pas le montant total des CDS sur les autres pays membres.
  • L'autre problème est immoral. Le fait d'assurer nos racheteurs de CDS contre le risque revient à dire qu'on peut assurer la voiture ou la maison de son voisin contre un sinistre. 
Principe d'un CDS au second degré (Cliquez sur l'image)

En conclusion, il faut interdire les CDS sur l'ensemble des places financières car ils sont des armes de destruction massive pour l'économie réelle et sont devenus des outils de spéculation sans précèdent. De plus, l'interdiction d'acheter des CDS à nu (acheter les CDS sans l'obtenir) par la Commission Européenne est déjà un premier pas mais il faut la répandre sur Wall Street et ce n'est pas gagné à cause du lobbying bancaire américain.

CDS 5 ANS des Etats (Cliquez sur l'image)
Deuxième colonne en partant de la gauche : Plus le niveau de points est élevé, le risque de défaut est grande.