5 février 2012

Les impopulaires CDS !

Depuis l'émergence de la crise des dettes européennes, les autorités politiques et les médias financiers ont fait connaissance avec les CDS (Credit Default Swap). Sans grande surprise, les ménages européens ignorent l'existence de cet instrument financier contre la tête des Etats car d'une part les autorités politiques les enfument en les rassurant que tout va être réglé et d'autre part elles fuient leurs responsabilités en pointant du doigt la finance et ses spéculateurs. Bref, cela fait plus de 3 ans que ça dure et je pense qu'il y aura de la casse dans les mois à venir. Un changement politique bien réfléchi serait la bienvenue.

A l'instar des notes données par les agences de notation, les CDS permettent d'évaluer la capacité de l'emprunteur à honorer ses dettes. Sur le principe, les CDS étaient censé être un contrat d'assurance souscrit par le créancier pour se prémunir du risque de défaut de paiement de l'émetteur avec une prime de compensation s'il y a lieu. En réalité, ils sont considérés comme des produits dérivés spéculatifs adossés à un sous-jacent (obligation d'Etat ou d'entreprise, devises). Ainsi, son fonctionnement est diffère d'un contrat d'assurance classique :
  • L'acheteur et le vendeur ne sont pas obligés de se soumettre aux conditions de risque de crédit car les CDS ne sont pas soumis à une régulation financière. En fait, ces produits dérivés se négocient de gré à gré donc moins transparent.
  • Par exemple, le fait de souscrire une assurance contre le défaut d'un Etat signifie que dans l'intérêt de l'acheteur, on touchera une prime. En cas de non défaut, le CDS n'est juste un thermomètre pour mesurer la niveau de solvabilité de l'émetteur.
  • En cas de perte, c'est le vendeur de CDS en général une banque qui assure à lui tout seul le remboursement. Mais pour ne pas mettre tout sur son dos, les acheteurs ont l'autorisation de les revendre à un tiers ou un autre opérateur puis encaisse la prime. Ainsi, nous sommes à la fois acheteurs et vendeurs de CDS. Explicitement, nous pouvons assurer nos racheteurs contre le risque.
Deux problèmes se posent sur les CDS et font beaucoup de bruit au sein au Parlement et à la Commission Européenne :
  • Si la Grèce fait défaut sur sa dette ou sort de la zone euro, les CDS seront déclenchés et certains hedges fund sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. En complément, les investisseurs se poseront la question d'un éclatement de la zone euro du fait qu'on ne connait pas le montant total des CDS sur les autres pays membres.
  • L'autre problème est immoral. Le fait d'assurer nos racheteurs de CDS contre le risque revient à dire qu'on peut assurer la voiture ou la maison de son voisin contre un sinistre. 
Principe d'un CDS au second degré (Cliquez sur l'image)

En conclusion, il faut interdire les CDS sur l'ensemble des places financières car ils sont des armes de destruction massive pour l'économie réelle et sont devenus des outils de spéculation sans précèdent. De plus, l'interdiction d'acheter des CDS à nu (acheter les CDS sans l'obtenir) par la Commission Européenne est déjà un premier pas mais il faut la répandre sur Wall Street et ce n'est pas gagné à cause du lobbying bancaire américain.

CDS 5 ANS des Etats (Cliquez sur l'image)
Deuxième colonne en partant de la gauche : Plus le niveau de points est élevé, le risque de défaut est grande.

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