6 janvier 2014

Mes convictions pour les années à venir.

L'année 2013 se termine bien pour les places financières occidentales. Nous pouvons dire merci au Président de la FED, Ben Bernanke qui va laisser sa place Janet Yellen. Pour 2014, le consensus est très optimiste avec une confirmation de la reprise de l'économie de l'Oncle Sam, un retour de la croissance en zone euro, la fin de la crise des dettes souveraines et des subprimes et la mort de l'or éloignant le risque systémique. Bref, c'est Alice aux Pays des Merveilles. Youpi !
Plutôt de faire des prédictions ou des prévisions sur une année, il me semble plus judicieux d'établir mes propres convictions sur le long terme. D'une part, je vois des tendances fortes qui seront difficiles à occulter de la part des agents économiques et privés. D'autre part, les risques sont toujours là. Afin d'avoir une vision concrète du futur, il y a 5 thématiques d'avenir qui sortent du lot.

1. La bombe de la dette publique

Tout d'abord, exprimer le déficit public en % du PIB n'a pas de sens comptable. Il faut raisonner par rapport aux recettes budgétaires de l'Etat. Pour la France en 2012, cela nous donne suite à la révision de la loi des finances :

Déficit en 2012 (%) = (Dépenses - Recettes) / Recettes = (370,7 - 282,5) / 282,5 = 31,22 % (Dernière révision dans le cadre du projet de loi de finances 2014)

Le plus inquiétant est l'arrivée de la déflation dans certains pays développés entraînant une baisse des prix (qui ne concerne pas les biens de première nécessité) et des salaires. Cela signifie que le pouvoir d'achat des ménages et les recettes fiscales vont diminuer en plus d'un marché du travail morose. Par conséquent, les Etats verront leur finances publiques se dégrader. La seule solution pour diminuer la dette est l'inflation via une fuite en avant avec des politiques monétaires très accommodantes.

2. Le vieillissement de la population

Facteur clé de la future croissance économique des années à venir, il est ignoré par le consensus, surtout par les sociétés de gestion dans leur analyse macroéconomique. En faisant preuve de bon sens, plus on vieillit moins on consomme et donc moins de croissance. Cela relève d'un processus naturel du fait que la majorité des personnes du troisième âge sont dépendantes de leur niveau de pension de retraite.
La progression de ce phénomène dans les pays développés est due pour diverses raisons que nous connaissons :
- L'augmentation de l'âge de l'espérance de vie grâce aux progrès de la médecine.
- La forte proportion de la population des 65 ou plus conjuguée à une baisse de celle des moins de 20 ans.
- L'envie des femmes de faire de longues études supérieures et de trouver un emploi stable retarde l'âge de leur première maternité. => Baisse du taux de fécondité.
Ainsi, au fil du temps, nous constaterons que les système de retraites actuels et le modèle économique basé sur la consommation de masse finiront par s'effriter. En plus, leurs dépenses de santé publiques augmenteront. Etant donné qu'ils n'ont pas envie de voir à nouveau leurs finances publiques se dégrader, l'opportunité de libéralisation de certains sous-secteurs de la santé pourrait s'ouvrir. Pour ma part, je verrais les services à domicile, les maisons de retraites et la biotechnologie, qui seront les premiers bénéficiaires.


Dépense publique de santé publiques en 2011
France
76,7 %
USA
45,9 %
Allemagne
75,9 %
Italie
77,2 %
Royaume-Uni
82,7 %
Japon
80 %
Canada
70,4 %
Source Banque Mondiale, Dépenses de santé publiques exprimées en % de dépenses de santé totales

3. La croissance démographique

D'après l'ONU, la population mondiale devrait atteindre 9,6 milliards en 2050 dont les pays en voie de développement contribueront en grandie partie. Cela signifie que la demande alimentaire et énergétique va s'accroître. Etant donné que l'offre est incertaine pour des raisons climatiques pour la première et par la rareté des zone faciles à extraire pour la deuxième, les prix augmenteront probablement à long terme. De ce fait, cette tendance sera renforcée par les pays émergents, principale source de la demande mondiale. Vive la mondialisation au grand dam des Français qui s'en méfient de plus en plus.

4. L'indépendance énergétique

Ignorée par les sociétés de gestion et peu abordée par les médias et les économistes, cette thématique doit être prise au sérieux dans une perspective de long terme. D'une part, le bien-être quotidien des citoyens peut être mis en danger au niveau de leur pouvoir d'achat donc la consommation de masse se dissipera. D'autre part, nous pourrons assister à des risques d'émeutes de la faim ou de guerre.
Grâce à l'abondance du gaz et du pétrole de schiste, les USA atteindront l'indépendance énergétique à l'horizon 2035, selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE). Cependant, ses prévisions sont douteuses. Premièrement, elles sont réalisées sur des données évoluant de manière conventionnelle comme si l'état actuel des choses se reproduira éternellement. Deuxièmement, cette agence qui sert les intérêts des pays de l'OCDE, s'est auparavant trompée en prévoyant un prix du baril à 21 $ en 2010 et à 28 $ en 2020* du fait qu'elle n'a pas pas inclus la croissance exponentielle des pays émergents.

*World Energy Outlook, 2000

Quant à la Chine, elle est devenue le premier importateur de pétrole et premier consommateur d'énergie mais par habitant un Américain consomme 4 fois plus qu'un Chinois. Sa dépendance énergétique s'accroît et elle est consciente de sécuriser ses approvisionnements pour répondre aux besoins de sa population. Pour cela, elle pose ses pions dans les zones géographiques stratégiques : Afrique, Moyen-Orient, Brésil, Kazakhstan. Par contre, il y a quelques points noirs dont la Chine verrait d'un mauvais oeil : la situation géopolitique au Venezuela suite au décès de Hugo Chavez, l'indépendance du Sud Soudan (allié des USA), région qui regorge l'essentiel des gisements d'hydrocarbures de l'ancien Soudan ou encore l'évolution démocratique à Myanmar.
Enfin, l'indépendance énergétique de la France est un trompe-l’œil parce que le nucléaire est une réponse déguisée à ce problème majeur dont les pouvoirs publics préfèrent éviter d'en parler. En effet, l'uranium, source d'énergie nécessaire pour produire l'électricité de nos centrales, est importée à 100 % en provenance de l'étranger.

5. La Chine attendue au tournant

Deuxième puissance mondiale derrière les USA, la Chine montre des signes de faiblesses parce son modèle économique basé sur les exportations a atteint ses limites. De même, les projets d'infrastructure financées par l'endettement ont créée une bulle immobilière qui est à son paroxysme et ont entraîné l'explosion de la dette locale dont on ne connait pas son ampleur. En cas d'aggravation, la Chine a suffisamment de réserves de change pour gérer ses problèmes en vendant par exemple des bons du trésor américain puis en achetant de l'or physique. D'ailleurs, les autorité politiques incitent leurs citoyens à en acheter. Tout le contraire des pays occidentaux qui veulent nous spolier en nationalisant notre épargne avec des actifs pourris.
La consommation intérieure chinoise représentant 35 % du PIB, manque de dynamisme malgré la hausse des salaires. Ce qui se traduit par la difficulté de l'Etat à établir une redistribution des revenus qui assure une croissance plus saine et équilibrée.
Enfin, il y a deux autres enjeux qu'il faudra surveiller à la lettre : la pollution atmosphérique dans les zones urbaines et le vieillissement de la population lié à la politique de l'enfant unique.

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