27 juin 2012

Entrevue avec Pierre-Olivier Langevin du Journal Financier d'un "Y"


Aujourd'hui et plus précisément ce soir, je vous propose mon deuxième billet invité avec le jeune Québécois Pierre-Olivier Langevin du blog Journal Financier d'un "Y". Il est également mon premier contributeur de mon blog.
Par ailleurs, vous pouvez le suivre sur sa page Facebook spécial et sur son compte Twitter @polangevin.

Bonjour, Pierre-Olivier

1. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Mon nom est Pierre-Olivier Langevin, je suis un jeune investisseur québécois. J’ai commencé à m’intéresser à la bourse en début d’année 2007 en lisant quelques livres sur le sujet. Rapidement, j’ai constaté que j’étais un passionné et que je pratiquerais l’art de l’investissement toute ma vie. À ce moment, je travaillais en tant que Designer Industriel à temps plein. Au fil des ans, j’ai cru bon créer un blogue pour partager les connaissances que j’accumulais dans le domaine et parce que c’est toujours bien d’échanger des idées entre investisseur. Après quelques années en tant que Bloggueur, mes billets ont été repérés par des professionnels de l’investissement, si bien qu’aujourd’hui, je travaille en tant qu’Analyste Financier pour MEDICI, une firme Québécoise de Gestion de Portefeuille privée.

2. D’où vient votre passion pour l’investissement financier plus particulièrement pour la Bourse ?

J’ai toujours été une personne très analytique. J’adore lire les nouvelles, je m’intéresse énormément à la politique et à l’économie. J’aime en décortiquer les différentes stratégies. L’analyse financière n’est qu’un moyen de plus d’assouvir ma quête de curiosité. Ajoutons également qu’investir représente pour moi un défi intellectuel intéressant car il fait travailler les deux côtés du cerveau. Je pourrais toujours dire que la passion de la bourse vient d’une passion de l’argent mais ce serait faux. L’argent n’est pour moi qu’un pointage que je peux suivre au fil des ans afin de mesurer, à long terme, l’efficacité de mes recherches.

3. Quelles sont les raisons ou les envies de votre reconversion dans le secteur de la finance ?

En plus d’avoir la piqure de la bourse, je dirais que l’une des raisons repose sur le fait que l’investissement me procure la satisfaction d’avoir un meilleur contrôle de mes finances et de mon avenir en général. Au niveau personnel, l’idée de devenir, un jour, complètement indépendant financièrement me fait rêver. L’idée de travailler dans le domaine était encore plus merveilleuse. Jamais je n’aurais pu croire qu’un jour on me paierait pour faire quelque chose que je pourrais très bien faire sans aucun salaire en retour. Enfin, l’idée d’accroître le patrimoine de nos clients m’apparaît tout à fait stimulante. Individuellement, si vous avez réalisé une bonne analyse, vous pourrez investir une partie de vos économies dans celle-ci. Lorsque vous gérez des millions, cette analyse peut rapidement prendre des proportions énormes pour à peu près la même quantité de travail.

 Montréal

4. Vous avez commencé à investir en Bourse au milieu de l’année 2007 et je suppose que vous avez pris des claques lors de l’éclatement de la bulle des subprimes. Avez-vous pris peur de voir fondre une partie de votre capital investi ?

Je n’ai jamais vécu la peur en investissement depuis mes débuts. Cela peut sembler bizarre car j’ai commencé à investir avant la crise financière. À delà des conséquences humaines qui découlent d’une crise majeure comme celle que l’on vient de connaître, il faut retenir que lorsque notre horizon d’investissement est très long, une récession ne crée qu’une meilleure opportunité d’acheter de belles sociétés à bon prix. J’ai évidemment eu ma part de pertes importantes. J’ai dû perdre au moins 5000$ à mes débuts ce qui représentait à l’époque une petite fortune. Mais l’idée de savoir que je serais le seul et unique responsable de ma destinée et que mes succès allaient être proportionnels à mes efforts me donnait le goût de continuer à investir même dans la tourmente. Je me souviens d’avoir acheté quelques actions de la Banque américaine Wells Fargo à environ 9$ au pire de la crise. Cela peut sembler bizarre mais je m’estime aujourd’hui très chanceux d’avoir connu si rapidement une crise financière. Faire mes débuts dans un Bull Market ne m’aurait pas forcé à travailler davantage pour devenir un meilleur investisseur. Au contraire, j’aurais cru que j’étais un bon investisseur alors que j’avais encore beaucoup à apprendre. Encore aujourd’hui, la bourse n’a pas fini de m’apprendre.

5. Comment vous êtes-vous former en Bourse ? Quel est votre profil d’investisseur et votre stratégie d’investissement ?

Mes premiers pas à la bourse, je les ai fais avec mon père qui m’a conseillé quelques bons livres pour m’initier à l’analyse fondamentale. J’ai été très chanceux d’avoir quelqu’un à mes côtés qui a pu me démontrer rapidement à quel point l’analyse technique et l’achat de fonds communs de placements étaient des stratégies destinées à l’échec.

Ensuite, j’ai tout simplement dévalisé le rayon financier de la grande bibliothèque au centre-ville de Montréal. En lisant chaque ouvrage un à la suite de l’autre, j’ai pu en apprendre un peu plus sur la philosophie d’investissement des plus grands investisseurs tels que Benjamin Graham, Warren Buffett et Philip Fisher. Ça m’a donné une bonne base pour commencer même si je n’avais pas encore la maturité et les connaissances requises pour connaître du succès en bourse.

Ma stratégie d’investissement, et celle de la firme pour laquelle je travaille est relativement simple. Elle repose sur ce que nous avons nommé les 4 piliers fondamentaux. Dans le premier cas, nous recherchons des entreprises qui ont une performance économique supérieure (rendement sur le capital élevé et prévisible année après année). Ensuite, nous voulons que l’entreprise ait un modèle d’affaire empreint d’avantages concurrentiels car cela nous donne l’assurance morale que la performance économique demeurera supérieure. Troisièmement, nous cherchons des sociétés dont les dirigeants sont dignes de confiance, nous validons entre autre la façon dont la direction gère le capital pour se faire une bonne idée de leur qualité de gestionnaire. Enfin, nous cherchons à acheter ces titres à des prix raisonnables en fonction de nos calculs de la valeur intrinsèque. Nous répétons ce processus indéfiniment et si nous trouvons trop de société qui collent à cette réalité, nous faisons en sorte de ne conserver que la crème de la crème dans les portefeuilles de nos clients.

6. Pensez-vous qu’investir en Bourse est un job à plein temps selon des idées reçues ? Quels conseils donneriez-vous aux épargnants novices souhaitant investir en Bourse ?

Si vous voulez avoir du succès, soyez prêt à mettre plusieurs heures par semaines dans l’analyse des sociétés. Vous n’arriverez pas à générer des rendements excessivement plus élevés que le marché si vous n’êtes pas près à y mettre les heures qu’il faut. Cela peut sembler malheureux à dire mais la plupart des investisseurs autonomes n’ont pas suffisamment la passion des investissements pour avoir du succès. Aimer l’argent n’est pas suffisant. Si vous êtes pour mettre quelques heures à chaque jour à améliorer vos capacités d’investisseurs, vous vous devez d’être un passionné.

Autrement, une stratégie passive telle que l’achat de Fonds Négociés en Bourse qui reproduit les indices me semble plus appropriée. Donc oui, je dirais qu’investir est un travail à temps plein. J’ai vu les deux côtés de la médaille. J’ai passé trop de soirée à analyser des titres pour compenser pour le temps perdu le jour à travailler comme designer industriel. Combien de fois ai-je du arrêter mes analyses en plein milieu de course faute de temps ? Combien de fois j’ai acheté un titre alors que j’avais encore certains doutes faute d’avoir plus de temps ? Si demain matin je me retrouvais sans emploi, je ne retournerais pas sur le marché du travail, mais je continuerais plutôt à investir par moi-même à temps plein car je sais maintenant qu’il est extrêmement difficile d’avoir du succès si vous n’avez pas la bourse en tête 24 heures sur 24.

7. Pouvez-vous présenter brièvement la société de gestion MEDICI?

Nous sommes une société de gestion de portefeuille privée. Des clients de partout au Québec viennent nous voir et nous confient leur portefeuille pour que nous l’investissions en fonction de leurs besoins. La firme a commencé à opérer en 2008 et son fondateur, Carl Simard, gravite dans le milieu des affaires depuis longtemps en plus d’être Actuaire, MBA et CFA.

En l’espace de quelques années, l’entreprise a su faire passer ses actifs sous gestion à 50M$ grâce à des rendements qui ont su battre le marché la plupart des années. MEDICI se distingue par son offre de service personnalisée. Les professionnels qui travaillent dans la firme connaissent tous nos clients et offrent autant des services de planification financière que de gestion de portefeuille. Nous avons également des portefeuilles beaucoup plus concentrés que la plupart des autres gestionnaires. Nous préférons de loin une gestion active et un suivi régulier des fondamentaux de nos entreprises plutôt que d’investir de façon passive et sur diversifiée.

8. La Bourse a-t-elle la cote au Canada contrairement en France ? Sinon quels sont les autres placements préférés des canadiens ?

Le placement préféré des canadiens, c’est celui de la consommation. On préfère placer notre argent dans les biens qui déprécient plutôt que ceux qui prennent de la valeur parce que «on ne sait pas ce que demain nous réserve». Ainsi, au Canada, nous avons un taux d’endettement qui environne 150% de notre revenu disponible annuel. Ce taux inclus les dépenses de consommation et l’hypothèque. C’est très élevé.

Sinon, je dirais que façon générale, les gens autour de moi, qui ne sont pas des connaisseurs en investissements aiment l’immobilier. Plusieurs ont l’impression que l’immobilier «c’est sûr de rapporter» parce que ça fluctue moins et que ce sont des actifs tangibles.

Pour ma part, je pense qu’à long terme, les actions sont le meilleur véhicule d’enrichissement personnel. Contrairement à l’immobilier, mes actions ne me demandent pas de tondre le gazon, déboucher des toilettes, payer des comptes de taxes et réparer des toitures. Les actions ordinaires sont le placement le mieux adapté à mon style de vie et c’est également celui qui, à long terme, génère le rendement le plus élevé.

9. Pour mon premier billet invité de mon blogue, un de mes followers de Twitter @VinceDurivage, a mis en garde contre un retour à la baisse des prix de l’immobilier canadien. Pensez-vous qu’ils sont nettement surévalués comme en France ?

Je pense que les prix de l’immobilier canadien sont effectivement à des niveaux élevés mais je crois que l’apocalypse que plusieurs prédisent n’aura pas lieu. On remarque présentement que le gouvernement fédéral agît de façon à calmer l’immobilier sans non plus miner la reprise économique. Je pense que c’est la bonne solution à long terme. Maintenant, il est clair que les rendements passés dans les 10 dernières années dans l’immobilier canadien risquent de ne pas se reproduire pour les 10 prochaines années, mais y’aura-t-il éclatement de bulle ? J’en doute ! Je pense qu’on assistera plutôt à un dégonflement graduel ou à un rythme de croissance du secteur très faible.

10. Pouvez-vous me donner une définition d’un « placement rentable » ?

Il est important de dire que je n’achète pas des placements ou des titres. J’achète des entreprises exemplaires dans le but de les détenir le plus longtemps possible. Lorsqu’on adhère à cette vision, un placement rentable devient un véhicule qui augmente de valeur à un rythme beaucoup plus rapide que la croissance du PIB.

11. Enfin, dans votre philosophie d’investissement, vous souhaitez devenir millionnaire à 42 ans. Est-ce prétentieux ou réaliste de votre part ? Comment allez-vous procéder en plus de la Bourse ?

Je sais très bien qu’écrire une telle chose sur le blogue du Journal Financier d’un Y peut paraître prétentieux. On ne dit pas deux fois à quelqu’un qu’on souhaite être millionnaire à un aussi jeune âge.

Les membres de ma famille m’ont appris une chose, c’est que lorsqu’on vise la lune et qu’on la rate, on atteint quand même les étoiles. Mon objectif d’être millionnaire dans 15 ans est tout à fait réalisable mais cela sera impossible sans un effort important. Comme je déteste perdre, je fais absolument tout ce qui est en mon contrôle pour atteindre mes objectifs. Ce qui est bien dans tout cela, c’est qu’en 2007, lorsque j’ai commencé à investir, je m’étais fixé l’objectif d’être millionnaire à 45 ans. Aujourd’hui, malgré la crise financière et parce que mes rendements passés se sont avérés meilleurs que prévus, je pourrais atteindre cet objectif à 42 ans. Les actions ordinaires sont la seule source de rendement prévue pour atteindre l’objectif pour le moment.

4 commentaires:

  1. Entrevue très intéressante.
    Bon travail à Pierre-Olivier Langevin dans sa quête de l'indépendance financière.
    Se fixer des objectifs est essentiel.

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  2. Entretien intéressant et belle reconversion.
    Tout mes souhaits de réussite dans tes objectifs!

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  3. Pierre-Olivier, millionnaire à 42 ans c'est tout le mal qu'on te souhaite. Ton parcours professionnel et d'investisseur est passionnant.

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  4. Merci pour les bons mots, c'est bien gentil! :-)

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