26 novembre 2012

Au salon Actionaria (2/2)

Durant mes deux journées au salon Actionaria, j'ai pu constater un regain d'optimisme des professionnels de la finance et des entreprises cotées que ce soit au niveau de l'évolution des marchés financiers ou de leur niveau d'activité pour l'année 2013. Cependant, les investisseurs particuliers et la presse financière sont plus réalistes car ils pensent que les incertitudes économiques ne sont pas levés : crise de la zone euro, plafonnement de la dette américaine, croissance chinoise. De plus, l'instabilité géopolitique s'invite avec l'imbroglio sur le nucléaire iranien sachant que lors des conférences auxquels j'ai participé, les intervenants en ont parlé vaguement.

Vendredi 23 novembre

Avant de participer aux conférences de l'après-midi, j'ai profité durant la matinée pour visiter les stands des entreprises cotées dont je suis actionnaire au porteur (Air Liquide, Orpéa, Total) et voulais avoir plus de renseignements sur leur stratégie de croissance de long terme et le transfert des actions en nominatif pur. Par ailleurs, ce salon de l'année 2012 m'a permis de découvrir de nouvelles entreprises telles que Vilmorin, Thermador Groupe ou Technip. Etant curieux, il ne faut pas hésiter aller à leur encontre car ce sont peut-être de belles entreprises qu'il faut investir dans notre portefeuille et pour cela, j'ai demandé plus d'explications sur la nature de leur activité en plus des documents financiers afin de savoir si elles correspondent à mon profil d'investisseur. En fin de matinée, je suis allé voir une gérante privée de Financière de l’Échiquier afin de connaître leur philosophie d'investissement. Durant la conversation, elle m'a confié au niveau de leur méthode de gestion que sa société s'attache à la qualité du management de l'entreprise par des rencontres avec leurs dirigeants et a un penchant pour le stock-picking top down (sélection de valeurs ou de secteurs en fonction des tendances macroéconomiques).

Stand d'Air Liquide et de Saint-Gobain (Salon Actionaria 2012)

13h30-14h30   Perspectives économiques 2012 et 2013, scénarios de marché : les solutions d'Arkéon Gestion et Arkéon Finance

C'est une conférence réalisée en collaboration avec Pierre Sabatier, cofondateur de PrimeView et le président du groupe Arkéon, Robert de Vogüé.
Le thème de leur conférence s'intitulait "De l'inflation à la déflation" dont vous pouvez retrouver leurs slides sur le site du groupe Arkéon. Plutôt de vous faire un roman d'une dizaine de pages, allons à l'essentiel.
Ce que je retiens :
- Les deux intervenants s'accordent qu'on se dirige vers un couple déflation / récession. Par ailleurs, un tableau synthétique a été réalisé sur les placements qu'il faut en avoir selon le cycle économique soit en inflation / croissance ou soit en déflation / récession. Pour plus de détails, je ferai une analyse de ce tableau par un nouveau billet sur mon blog car il y a des divergences qui m'ont frappé à mes yeux.
- Le scénario déflation / récession s'appuie sur trois facteurs : vieillissement de la population, l'endettement public et privé, et le plafonnement du progrès technologique.
- Conséquences du vieillissement de la population : hausses des dépenses sociales et médicales, désépargne,  système de retraite à bout de souffle (3.6 actifs / retraités en 2010, 2.4 en 2030 et 1.8 en 2050)
- Pour redémarrer un nouveau cycle économique, il faut que les agents privés, les banques et les Etats se désendettent. Malheureusement, c'est impossible car parmi les trois, personne ne veut céder.
- Marchés financiers : Sur le court terme, l'évolution sera positive grâce aux politiques monétaires non conventionnelles des banques centrales via la planche à billet. Sur le long terme, elles peuvent entraîner une hausse des matières premières et mettre à mal les marges des entreprises et le pouvoir d'achat des ménages.
Ce que je pense :
- Le tsunami fiscal sur les valeurs mobilières prouve que le nouveau gouvernement n'a pas compris l'intérêt de la Bourse à notre économie et a une mauvaise image de l'actionnaire considéré comme un spéculateur. De l'aveu même de l'intervenant d'Arkéon Finance, il n'a jamais vu ça dans sa vie professionnelle.
- Le fond et la forme du PowerPoint sont très bien représentés avec des chiffres et des graphiques en plus des explications orales des intervenants.
- Des divergences de ma part sur les allocation d'actif à privilégier selon le scénario économique.

Prise de parole du président du groupe Arkéon (Salon Actionaria 2012)

15h45-17h15   Réunion actionnaires Total

Ce que je retiens :
- Le PDG n'est pas convaincu par le fait que les Etats-Unis serait le premier producteur mondiale de pétrole dans les prochaines décennies et de leur indépendance énergétique grâce au pétrole et gaz de schiste. En effet, il considère qu'il y aura peu d'impact sur le secteur mais au niveau géopolitique, les cartes seront peut-être rebattues.
- Sur le gaz de schiste en France, Christophe de Margerie préfère se taire.
- Christophe de Margerie profite de la réunion pour mettre les points sur les i en disant que Total paye bien des impôts en France pour un montant de 1.2 Mds €. De plus, il souhaite souligner qu'elle aide également les PME dont Total est le premier contributeur.
- Une petite leçon de compétitivité économique de la part du PDG.
- Le cours de Bourse ne reflète pas la vraie valeur de l'entreprise.
- Pour la séance questions-réponses, rien à signaler.

Samedi 24 novembre

9h45-10h45   Les perspectives des marchés financiers en 2013 animé par le magazine Challenges

Ce que je retiens :
- Pour les Cahiers Verts de l'Economie, ils privilégient les obligations des PIIGS, une exposition sur les pays émergents.
- Pour Financière de l'Echiquier, les valeurs cycliques exposées à la croissance chinoise et africaine ont leur faveur.
- Pour B*Capital, ses favoris sont les valeurs bancaires, agricoles, technologiques, cycliques pour les indices européennes sans oublier celles exposées à la croissance africaine.
- Concernant l'immobilier, les intervenants notent qu'au-delà de son statut de valeur refuge, c'est un actif illiquide et indivisible.
- Pour ma part, j'ai posé une question sur la bulle des prêts des étudiants américains qui menace sur le long terme l'économie de l'Oncle Sam. En réponse, l'intervenant des Cahiers Verts de l'Economie l'a minimisé car au niveau financier cela représente 10 moins que la bulle des subprimes qui était estimée à 11000 Mds $. Du coup, il considère que le taux de défaut sera plus faible par rapport à ce qui s'est passé il y a 5 ans.
Ce que je pense :
- Les propos de B*Capital ne m'étonnent pas sur le fait de privilégier les valeurs bancaires. En effet, c'est une filiale de la BNP Paribas.
- Malgré un brin d'optimisme sur la résolution de la crise de la zone euro, les pays émergents ont la cote. En gros, je pense qu'il faut rester à l'écart de valeurs européennes très peu exposées à ses zones géographiques.
- Pour ma question, l'intervenant occulte que ce sont des nouveaux endettés qui devront rembourser leur crédit en cherchant un boulot qui correspond à leur cursus universitaire. Malheureusement, d'après un article que j'ai débauché sur un autre blog et une vidéo d'Envoyé Spécial, ce n'est pas réellement le cas et sous-estimer ce fléau social pourrait être une grave erreur de sa part. A suivre...

11h00-12h30   Investir face aux lecteurs : les conseils et les réponses de la Rédaction

Conférence Investir face aux lecteurs (Salon Actionaria 2012)

Ce que je retiens :
- Forte visibilité sur le secteur pétrolier et parapétrolier en cas où la conjoncture économique mondiale ne se dégrade pas.
- Prudence sur les métaux industriels.
- Pour le secteur des médias, le marché publicitaire est au ralenti et le fait qu'il y a 6 nouvelles chaines de TNT obligera de partager le gâteau en plusieurs morceaux avec un manque à gagner pour les chaines historiques.
- Le pire dans le secteur bancaire est probablement derrière nous mais un doute subsiste sur la dette française.
- Dans le secteur de la distribution, Carrefour peut être une recovery à jouer.
- Propos réalistes d'un des intervenants de la rédaction d'Investir sur les conséquences du durcissement de la fiscalité boursière : désertion des actionnaires individuels et possible OPA hostile sur une société de la Bourse de Paris d'un fond souverain étranger à l'image du Qatar.
- Par chance, j'ai réussi à poser une question sur la durée du report des moins values. Pour l'instant, la rédaction confirme qu'elle est à dix ans mais elle avoue que la fiscalité boursière est une usine à gaz.
Ce que je pense :
- En cohérence avec les propos sur la fiscalité boursière.
- Pour l'évolution du cours de pétrole, gardons un oeil sur ce qui se passe au Moyen-Orient plutôt que de se réjouir sur la future indépendance énergétique des Etats-Unis car nous ne savons pas quel est le coût de l'extraction du fameux pétrole et gaz de schiste.
- Concernant les métaux précieux, la Chine est à surveiller depuis le changement de présidence depuis le 8 novembre 2012.
- Pour les médias, il faudra surveiller France Télévision sur une possible autorisation de la part de l'Etat d'émettre à nouveau des spots publicitaires après 20h.

14h00-15h00  Titres qui résistent aux crises ou actions en retard : quelles valeurs choisir ? animé par la rédaction d'Investir

Ce que je retiens :
- Savoir ciblez les moments d'achat et de vente.
- Mise en garde sur la composition du dividende. Les intervenants insistent sur sa croissance régulière et le ratio de distribution (dividende par action / bénéfice par action).
- Préférence pour le stock-picking top down.
- Les valeurs type "value" peuvent recenser des pièges si on se regarde seulement les ratios de valorisation.
- Pour les marchés émergents, les intervenants s'accordent qu'il vaut mieux investir via les actions américaines ou européennes.
- Comme je suis chanceux, j'ai réussi à poser une question : pour les actions en retard, faut-il investir sur les minières aurifères afin de profiter de la hausse de l'once d'or ?. Réponse : un constat d'une déconnexion entre le cours de l'once d'or et celui des minières aurifères mais les intervenants ont dû mal à la comprendre.
Ce je pense :
- En cohérence sur les valeurs "value". je vous conseille de surveiller le niveau d'endettement de l'entreprise et son niveau du goodwill par rapport au total d'actifs.
- Concernant la réponse à ma question , ils ont occulté un ratio qui permet de savoir si on peut constater que les minières aurifères sont bien sous-valorisées, le Gold/XAU dont la moyenne historique est de 6. S'il est supérieur à 6, elles le sont. A ce jour, il est à 10.

16h45-18h00   France, Europe, Etats-Unis, pays émergents : où et comment investir ? animé par la rédaction d'Investir

Ce que je retiens :
- Ne pas être naïf. Par exemple, quand l'Europe va mal, ce n'est pas une raison d'être à l'écart.
- Pour les marchés émergents, les intervenants privilégient d'acheter indirectement des trackers ou des fonds de gestion.
- Etats-Unis : le poids des valeurs technologiques masque la réalité de l'économie américaine. Un des intervenants note que le consommateur américain, malgré l'éclatement de la bulle des subprimes, continue de recourir au crédit de consommation. Bref, rien n'a changé depuis 5 ans. La notion de désendettement n'existe pas aux Etats-Unis.
- Cortal Consors privilégie l'Europe pour 2013 avec un rattrapage par rapport aux indices américaines.
- Groupama Asset Management privilégie sur le long terme les USA et les pays émergents.
- State Street privilégie la même que chose que Groupama Asset Management et tire à boulet rouge sur l'Europe car les solutions de sortie de crise ne sont pas encore efficaces. A l'opposé, Aurel BGC rassure les spectateurs que l'Europe est en voie de sortir de la crise.
Ce je pense :
- Pas étonné de la réaction du gérant d'une société de gestion anglo-saxonne sur l'Europe car c'est un moyen de masquer les propres problèmes que ce soit aux USA ou au Royaume-Uni. Heureusement, la FED et la BOE sont respectivement là.
- La conférence n'attirait pas la foule par rapport aux autres que j'ai assisté au début de la matinée. D'un autre coté, en fin de journée, cela est compréhensible.

Conclusion

C'est la quatrième fois que j'assiste à ce salon depuis 2009. La première, c'était la découverte du monde de la Bourse dont je me demandais si j'étais à ma place. La deuxième en 2010, je commençais petit à petit à comprendre le mécanisme du système financier. L'année dernière en 2011, j'ai participé au désarroi de certains actionnaires individuels vis-à-vis de la Bourse car le contexte était difficile par le krach de l'été 2011. Je me rappelle à cette époque qu'il n'y avait pas foule lors de l'Actionaria 2011.
En 2012, je ressens qu'il y a un retour d'engouement pour la Bourse avec certaines disparités. Tout d'abord, les jeunes de la génération Y sont encore absents même si un membre du personnel de la F2IC (Fédération des Investisseurs Individuels et des Clubs d'Investissement) m'a confié qu'il y a un début de renversement de tendance. Deuxièmement, il y a eu beaucoup de monde dans les stands des entreprises cotées mais cela ne pose pas de problème pour ma part malgré le souhait de poser des questions. Troisièmement, il était difficile de trouver une place disponible et confortable pour certaines conférences surtout dans la salle Maillot donc nous pouvons constater que les attentes de la part des actionnaires individuels étaient grandes. Enfin, tout n'est pas rose car une petite minorité d'actionnaires individuels ont encore critiqué la rédaction d'Investir concernant leurs conseils.
Personnellement, je vais prendre leur défense dont en 2011, sur le forum de leur site, la rédaction a été l'objet de propos virulents sans dépasser la ligne de flottaison. Pourquoi cette position ? Avec Le Revenu, c'est un des rares hebdomadaires qui parle de la Bourse en France dont notre culture économique et financière est faible. Par la suite, il faut savoir que leur personnel se bouge pour rencontrer les dirigeants des entreprises cotées aux quatre coins de la France afin de récolter des informations pertinentes pour répondre aux besoins de leurs lecteurs. Cela demande beaucoup d'énergie et de disponibilité. Pour finir, au lieu de critiquer les conseils d'Investir, les lecteurs comme moi (même si j'achète l'hebdomadaire par intermittence) doivent faire preuve d'indépendance en faisant sa propre analyse.
Sur le plan personnel, je me suis modestement affirmé en posant des questions lors des conférences. De plus, sur Twitter, @actionaria a repris certains de mes tweets et @murielbreiman d'Investir a retweeté une des photos de la conférence auquel elle a participé. Enfin, au niveau de ma reconversion professionnelle en gestion du patrimoine, mon ambition est intacte mais peut-être sous une différente forme via le journalisme mais c'est juste une des alternatives. Par ailleurs, je voudrai souligné que je me suis inscris au Challenge de Gestion de Portefeuille 2013 organisé par Actionaria.

2 commentaires:

  1. Bonjour Sovanna,

    Merci pour ce retour intéressant du salon de l’actionnaria.
    Je vais me faire l'avocat du diable mais penses-tu que les informations glanées lors de ce salon ont une réelle valeur ajoutée ? J'y vois quelques banalités et un peu de bon sens. Peut-être que je me trompe :)

    Phil

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  2. Bonsoir Phil,

    J'avoue que les thèmes des conférences auxquelles j'ai assisté, sont parfois "ringards" mais cela vaut la peine d'y participer en ayant un esprit critique.
    Le but de ce billet est de donner un aperçu de ce qui s'est passé et de faire connaître à mes lectrices et lecteurs un des rares salons qui parle de la Bourse en France. Dans "ce je pense", je donne tout de même mes brefs avis personnels. Si tu as l'occasion de descendre à Paris au Palais des Congrès au mois de novembre, tu verras un autre aperçu de la Bourse dont l'opinion publique ignore complètement.

    A++

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